01 juillet 2019

Un an de 80 : tout ça pour ça ?

 

 

 

En droit, l’absence de preuves et le doute profitent au prévenu. Pas sur la route, puisqu’après le principe du propriétaire-payeur qui permet d’oublier la présomption d’innocence, le même principe est appliqué pour le 80 km/h. Un remplaçant plus que controversé des 90 km/h dont ni l’expérimentation de deux ans ni la première année d’application n’étayent l’effet. Quand l’intime conviction remplace les preuves scientifiques, le résultat est là : incompréhension et graines de révolte.

80 km/h sur les routes bidirectionnelles sans séparateur central (OUF). C’est en place depuis un an maintenant, soit la moitié de la durée prévue pour une “expérimentation” dont plus aucun de nos responsables, gouvernement comme DSR, ne parle. Au point même que l’Assemblée nationale a voté un amendement à la loi d’orientation des mobilités “LOM” pour permettre aux Présidents de Conseils départementaux et Maires d’appliquer le 80 ou de revenir à 90 sur les routes dont ils ont la responsabilité.

Une aberration quand on constate qu’il est permis de rouler à 90 sur certaines départementales alors que les nationales – gérées par l’État – sont limitées à 80 !

Une aberration quand on constate que les limitations sont de fait gérées depuis longtemps par les responsables locaux, qui appliquent des limitations inférieures à la base nationale quand les spécificités locales l’exigent. Ainsi, les célèbres 17 tournants de la vallée de Chevreuse chers aux motards d’Ile-de-France sont limités à 50. Et même la “route d’entrainement” des gendarmes en formation à Fontainebleau est limitée à 70 !

Une aberration quand on constate que sur certains tronçons, on passe plus de temps à regarder le compteur que la route tant la limitation change, parfois plus d’une fois par kilomètre !

Une aberration quand on constate qu’aucun chiffre ne distingue le réseau concerné par la limitation à 80 du reste des routes dites secondaires ! Le bilan annuel de l’accidentalité publié par l’ONISR fait état d’une belle amélioration dont tout le monde, FFMC comprise bien entendu, se réjouit ! Mais à aucun moment on n’a obtenu les chiffres du seul réseau concerné par la baisse de 90 à 80, ce qui rappelle assez curieusement la publication jamais faite des résultats de l’expérimentation de deux ans faite entre juillet 2015 et juin 2017. Les résultats publiés sont ceux qui concernent soit les autoroutes, soit les villes, soit… le reste ! Soit un joli mélange de nationales express ou non, de départementales et de dessertes locales, à deux voies ou non, avec séparateur central ou non. De quoi pour le moins s’étonner que les instances officielles en charge de la sécurité proclament que le 80 est responsable du résultat, au mépris de leurs propres déclarations quant au manque de rigueur scientifique qu’ils reprochent à certains de leurs opposants : la paille et la poutre ?

Une aberration quand on constate que s’occuper de la seule vitesse ne concernerait que 30% des accidents puisque c’est la proportion officielle d’accidents dont la cause serait la vitesse. Que fait-on pour les 70% d’autres victimes, bien trop peu considérées par la politique de sécurité routière ?

Une aberration quand on constate que la population est très majoritairement opposée à cette mesure. On voudrait dégouter les usagers des enjeux de la sécurité routière qu’on ne s’y prendrait pas autrement !

Une aberration quand la vitesse moyenne constatée par les instances officielles (étude Statista sur le réseau secondaire) était de 82 km/h AVANT la mesure !

Qu’on ne s’y trompe pas, notre opposition à cette mesure n’a pas pour but de rouler n’importe comment ! Notre position ? L’éducation et la formation, porteuses du nécessaire respect d’autrui et l’entretien des infrastructures, auraient pu bénéficier de l’énorme budget consacré à cette erreur politique, stratégique et dont rien ne prouve le bien-fondé !

La FFMC persiste donc dans sa demande de retour à la limitation généralisée du réseau secondaire à 90 km/h, avec comme ç’a toujours été le cas la possibilité pour les instances locales d’aménager la limitation quand les contraintes locales l’impliquent.

La FFMC a toujours été, est et sera en faveur d’une politique de sécurité routière fondée sur la bonne compréhension par les usagers des règles plutôt que sous la perpétuelle menace d’entrave à leur mobilité.

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