22 février 2018

Les deniers publics dilapidés en propagande

Rappel du contexte

Fin 2017, l’annonce d’une possible baisse de la vitesse, renforcée par la prise de position du Premier ministre en sa faveur, faisait déjà couler beaucoup d’encre. Le 9 janvier, l’annonce de cette mesure parmi un collège de dispositions réglementaires (donc ne passant pas par le vote de nos élus de l’Assemblée), provoquait l’ire d’une majorité de citoyens, excédés par l’accumulation de répression qui toutes sont autant de sanctions potentielles, et surtout dont AUCUNE ne vise à éviter les accidents, mais à éventuellement en réduire les conséquences.

Le peuple et ses élus vent debout !
Le Sénat ne s’y est pas trompé, qui a interpellé le gouvernement en lui demandant la suspension de cette décision en attendant les résultats de la commission d’enquête formée dans ce but en l’absence de résultats crédibles de l’expérimentation menée durant deux ans. On peut ajouter que ladite expérimentation a été faussée par la modification des routes donc des conditions de l’expérimentation, qui de l’avis même des scientifiques était d’une durée et sur une étendu trop courtes pour obtenir un résultat probant.

Du gâchis assorti de mépris
Et voilà que fleurit, à grands coups de deniers publics, une campagne de propagande visant à défendre l’abaissement de la vitesse à 80 km/h dans la PQR de ce dimanche 18 février ! Une campagne qui, pour un annonceur normal, coûte la bagatelle de 1.6 million d’Euros ! On peut supposer que l’Etat bénéficie de remises substantielles sur ce tarif public, mais il est clair que ce n’est pas gratuit. Pire, il est bien possible que l’Etat ne s’en tienne pas là, et fasse passer cette propagande également sur les radios et TV, avec un coût encore supérieur. Et tout ça au nez et à la barbe (sans jeu de mots) des sénateurs qui ont constitué un groupe de travail pour vérifier le bien-fondé des 80 km/h ! La sécurité routière est une des gros budgets de communication de l’Etat, et c’est tant mieux quand les messages visent à mieux partager la route, à mieux l’entretenir, à respecter l’autre, à éviter les distracteurs au volant, à éviter la consommation d’alcool, médicaments ou stupéfiants… Mais quand elle défend ainsi une position indéfendable avec les deniers publics, elle fait fausse route, et toujours sans mauvais jeu de mots…

Le désengagement de l’État

En parallèle, ce sont les associations comme la FFMC (et bien d’autres) qui assurent la mission d’éducation des jeunes à la sécurité routière. Certes avec l’agrément de l’Education Nationale, mais pas PAR l’Éducation nationale.
Ce sont les associations comme la FFMC qui défendent un meilleur entretien des routes en dénonçant leurs points noirs (casques d’âne Motomag, opérations Motard d’un jour de la FFMC, sites de regroupement des points noirs, etc. Pendant ce temps, du fait de la décentralisation et du manque de budget des collectivités locales, le réseau français est passé de la première à la septième place européenne en termes de qualité !

Quand donc ce gouvernement et sa direction de la sécurité routière, qui sans doute prennent de bonne foi des décisions pour sauver des vies (il n’est pas permis d’en douter) comprendront qu’on fait de la sécurité routière d’abord avec les usagers et non contre eux ?
Quand comprendront-ils que les accidents sont causés par les mauvais comportements et par les défauts des infrastructures ?
Quand comprendront-ils enfin que si le nombre d’accidentés de la route stagne voire réaugmentent depuis quelques années, c’est que le tout-sanction / tout-vitesse / tout-radar / tout-automatique, en supposant qu’il a déjà été utile, a atteint ses limites ?

 

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