Gants obligatoires : le débat s’envenime entre Sécurité routière et FFMC
Lire la tribune : « l’imposition n’entraînera pas l’acceptation »
Un mois plus tard, le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe, tient à commenter cette tribune. Il a demandé à ce que la FFMC publie un « droit de réponse » sur son site.
Port des gants : droit de réponse d’Emmanuel Barbe
Droit de réponse de monsieur le délégué à la sécurité et à la circulation routières :
L’obligation de port des gants n’est pas un effet de manche
« Dans un communiqué commun, la FFM et la FFMC s’élèvent de façon véhémente contre l’obligation du port de gants de motocyclisme certifiés, en vigueur depuis le 20 novembre dernier.
La FFMC contestant systématiquement toute obligation faite à ses 10 000 adhérents (sur 3 millions d’usagers de 2RM environ), ce communiqué n’a rien d’étonnant. Il est beaucoup plus surprenant venant d’une fédération sportive, délégataire de mission de service public bénéficiant de subventions de l’État (5 % de son budget évalué à 20 millions d’euros).
Sauf erreur de ma part, les règlements de la FFM sont imposés aux licenciés (et non laissés à leur libre arbitre) et s’ils ne les respectent pas, les sanctions sportives sont parfois très lourdes.
Or, pour la mise en œuvre de la politique publique de sécurité routière, le gouvernement, à travers la DSCR, dispose de prérogatives qui lui permettent de « fixer un cadre » (on peut retenir aussi le terme imposer) au service de l’intérêt général auquel appartient la sécurité des usagers de 2RM. C’est exactement la même logique qui prévaut et que respecte la FFM dans ses règlements sportifs.
Cette dernière a beau jeu d’évoquer « trop de règles tue la règle » alors qu’elle-même fait évoluer les siennes chaque année. Je rappellerai juste qu’en matière d’équipement, la dernière obligation faite aux usagers de 2RM date de 1973 : port du casque. J’ai d’ailleurs lu récemment, et je m’en félicite, que la Fédération internationale de motocyclisme annonçait l’obligation du port d’un airbag en championnat du monde de vitesse 2018, nous montrant ainsi très clairement la direction vers laquelle nous devons aller.
La FFM et la FFMC semblent ignorer que le ministère de l’Intérieur compte de très nombreux motocyclistes en son sein (près de 10 000 dans la police et la gendarmerie) mais aussi parmi les fonctionnaires de ses administrations centrales, moi le premier. La FFM et la FFMC ne sont donc pas les seules à connaitre l’importance d’un équipement.
Des premiers retours de terrain que nous avons pu constater auprès des commerçants, les ventes de gants de motocyclisme certifiés CE ont plus que doublé en l’espace d’un mois, ce qui prouve tout le bien fondé de cette mesure. Sans cette obligation, plusieurs dizaines de milliers d’usagers de 2RM se seraient trouvés sans protection ou mal protégés.
Et cela, peu importe la région, la météo ou la culture locale. Le goudron est aussi râpeux à Lille qu’à Marseille.
Délégué à la sécurité et à la circulation routières
Les commentaires de la FFMC
Un droit de réponse, à quel titre ?
« Nous n’avons diffusé aucune information erronée ni diffamé Monsieur Barbe. Dans notre communiqué de presse, la FFMC n’a fait que ce qu’elle fait depuis 37 années d’existence : défendre la pratique de la moto et exercer son droit à ne pas approuver les décisions gouvernementales qui nous concernent quand nous considérons qu’elles sont inadaptées.
En l’occurrence (et nous le répétons à nouveau puisque Monsieur Barbe semble ne pas l’avoir compris), nous ne remettons pas en cause l’idée de porter des gants pour circuler au guidon d’un deux-roues motorisé.
Nous contestons le décret du 20 septembre dernier qui rend le port de gants « homologués » obligatoire et qui procède donc à la création d’une nouvelle infraction au Code de la route pouvant se traduire par un retrait de point, alors que ne pas porter de gants ne porte atteinte à personne d’autre que l’usager incriminé et que l’obligation d’en porter ne fera pas bouger une ligne sur les bilans annuels de la Sécurité routière.
Quelle que soit la réaffirmation du délégué interministériel dans ses croyances en une vision répressive de la sécurité routière qui n’est pas et qui ne sera jamais la nôtre, ce droit de réponse sur notre site, nous lui accordons bien volontiers tant il illustre (hélas) le dialogue de sourds auquel Monsieur Barbe nous confine depuis sa nomination à la circulation en avril 2015.
Il nous permet également de réaffirmer notre position en faveur d’une prise en compte des enjeux de sécurité routière par le prisme de la pédagogie, de l’information sincère et distanciée des pressions politiques et commerciales et surtout de la libre acceptation par les intéressés des enjeux qui les engagent.
Rien que pour cela, qu’il en soit remercié. »Le bureau national de la FFMC